Pourquoi rééduquer son écriture?
L'apprentissage de l'écriture manuscrite est long et fastidieux, plusieurs années de pratique sont nécessaires !
Quel est donc l'intérêt, à notre époque, d'apprendre ou de réapprendre à écrire ? Pourquoi perdre du temps avec la rééducation de l'écriture manuscrite alors que nous vivons avec les écrans et que les claviers sont si pratiques ? Pourquoi les enfants n'apprennent pas directement à utiliser un ordinateur ?
Ces questions sont fréquentes et légitimes. Certains pays, comme les Etats-Unis, ont franchi le pas il y a quelques temps et l'apprentissage de l'écriture à la main a laissé place dans les programmes scolaires à la maitrise du clavier. Mais voilà, après plusieurs années de ces pratiques dans les classes, ces pays font machine arrière ! Pourquoi ?
Toutes les recherches cognitives et neuroscientifiques récentes sont unanimes : l'apprentissage de l'écriture manuscrite n'est pas une fin en soi, elle contribue aussi à l'acquisition de la lecture et de l'orthographe d'une part, elle active la mémorisation d'autre part. Elle favorise la réussite scolaire dans tous les domaines en stimulant le cerveau dans sa globalité, en créant des chemins neuronaux plus performants et des ponts entre les deux hémisphères.
Le geste effectué par la main entière pour écrire un mot n'a rien à voir avec le geste des doigts qui frappent les touches du clavier pour écrire ce même mot. L'écriture manuscrite mobilise de multiples zones cérébrales : les zones du langage, de la pensée, de la mémoire et les zones des schémas moteurs.
Ecrire à la main c'est traduire la pensée en mots, avoir recours à la mémoire pour choisir les mots, les lier, les orthographier, anticiper ce qui va être écrit et revenir sur ce qui l'est déjà, prendre de l'avance sur la mise en mémoire des connaissances ainsi couchées sur le papier, et bien d'autres choses encore ...
Pour écrire sur un clavier, il ne s'agit que d'un geste de pointage d'un doigt sur une touche, cela ne mobilise absolument pas toutes ces zones.
Quelques articles en exemple :
Si l'on considère ces découvertes sur le fonctionnement du cerveau humain, il serait dommage de ne pas tout mettre en oeuvre pour que chacun développe son potentiel d'écriture manuscrite. Une fois cet apprentissage bien automatisé il sera évidemment de rigueur de le compléter avec celui du clavier afin de répondre à nos exigences contemporaines.
La Graphopédagogie
La Graphopédagogie est une méthode récente de rééducation de l'écriture qui s'appuie notamment sur les travaux de Julian de Ajuriaguerra, neuropsychiatre qui établit une première définition de la dysgraphie dans les années 1960 et propose une échelle d'évaluation de l'écriture, ainsi que sur ceux de Marguerite Auzias qui approfondit les connaissances sur l'apprentissage de l'écriture manuscrite et construit un test permettant de déterminer la latéralité de l'enfant.
Depuis, les travaux de nombreux autres chercheur n'ont cessé de contribuer au perfectionnement de la Graphopédagogie. C'est une méthode professionnelle, sérieuse, complète et ludique dédiée à la rééducation et l'automatisation de l'écriture pour tous, de l'enfant à l'adulte, quelles que soient les difficultés rencontrées par le patient.
La Graphopédagogie se concentre sur la posture du corps, la position du support sur lequel écrire, la mobilité des doigts et du bras, la tenue du crayon et la formation des lettres. Le choix du crayon est également important.
Elle s'intéresse aussi à la latéralité du patient et peut proposer un changement de main scriptrice si nécessaire.
Elle inclue dans sa pratique l'intégration des réflexes archaïques qui peuvent être un frein à une écriture aisée, efficace et lisible.
La mémoire est également développée afin d'améliorer la vitesse d'écriture et les compétences de copie et d'orthographe.
Les séances durent entre 50 minutes et 1 heure et sont espacées de 3 à 4 semaines. Entre chaque séance les patients en rééducation doivent pratiquer quotidiennement quelques exercices concrets afin de permettre au corps et au cerveau de mémoriser et automatiser les nouveaux gestes en acquisition. Il faut compter 10 à 15 minutes d'exercices quotidiens. En moyenne, 8 à 10 séances, soit moins d'une année, sont nécessaires pour remédier aux difficultés d'écriture et installer une écriture fluide, efficace et lisible.
Les séances de Graphopédagogie pour les enfants ont la particularité de demander la présence d'un des parents qui doit observer les exercices effectués en cabinet pour être en mesure d'aider l'enfant à les reproduire ensuite à la maison. Le parent est co-éducateur de la démarche, il s'assure que les exercices quotidiens pratiqués à la maison sont correctement réalisés afin d'optimiser l'efficacité de l'action. Cette condition est essentielle pour la réussite de la rééducation.
Une des école de formation de la Graphopédagogie est Bouge ta Plume, créée et portée par Célia Cheynel à Rennes.
Objectifs de la Graphopédagogie
Pouvant exercer en réseau avec de nombreux praticiens : les médecins généralistes, les pédiatres, neuropédiatres, les psychologues, les psychiatres et pédopsychiatres, les orthophonistes, psychomotriciens et ergothérapeutes, les orthoptistes et les enseignants, cette méthode utilise un ensemble de techniques et d'outils pour remédier aux difficultés d'écriture rencontrées par les enfants, adolescents et même les adultes.
Ses objectifs :
- (Re)trouver une posture et une tenue de crayon optimale pour bien écrire et être à l'aise;
- Automatiser le geste scripteur pour une écriture fluide et lisible;
- Développer la motricité fine et la précision oculomotrice (oeil-main);
- Accroître les capacités de mémoire et de concentration pour favoriser l'écriture et la copie;
- Détendre le geste, la main, le poignet et limiter les douleurs;
- Réguler ou augmenter la vitesse d'écriture;
- Dédramatiser les difficultés d'écriture et renforcer la confiance en ses capacités;
- Aider à latéraliser ou relatéraliser si le choix de la main scritprice n'est pas clairement établi;
- Apprendre à écrire avec l'autre main si la main scriptrice ne peut plus assurer cette fonction;
- (Re)découvrir le plaisir et la possibilité d'écrire.
La Graphopédagogie, pour qui ?
Il n'y a ni âge ni contre-indication, chaque individu désirant (re)trouver une écriture aisée, lisible et non douloureuse peut commencer une (ré)éducation de l'écriture. La Graphopédagogie s'adresse :
- Aux enfants et adolescents rencontrant des difficultés d'apprentissage de l'écriture ou en situation de troubles/handicaps particuliers (tels que le TSA, DYS, TDA/H, etc...) pour gagner en efficacité, confiance, confort. Les difficultés et douleurs disparaissent, le plaisir et la motivation réapparaissent.
- Aux adolescents qui n'arrivent pas à prendre toutes les notes de cours et qui n'arrivent plus à se relire. Ils reprennent confiance en eux et réussissent à suivre le rythme. La vitesse d'écriture s'améliore, la relecture est facilité.
- Aux étudiants qui auraient besoin de gagner en fluidité, rapidité et lisibilité pour passer leurs examens.
- Aux adultes qui auraient perdu l'habileté et la mobilité de leur main après une maladie ou un accident.
L'amélioration de l'écriture contribue à augmenter l'estime de soi et l'autonomie. Quel que soit l'âge, écrire s'apprend et se réapprend.
La Graphopédagogie, pour quoi ?
Voici une liste non complète de situations pour lesquelles il est conseillé de consulter un Graphopédagogue :
- Ecriture illisible, irrégulière, trop appuyée ou tremblante ;
- Manque de soin de l'écriture : ratures, traits, points, tâches d'encre ;
- Mauvaise organisation de l'écriture sur la page : non respect des lignes, des marges, des sauts de lignes ;
- Mauvaise tenue du stylo ;
- Douleurs lors de l'écriture (doigts, main, poignet, bras, dos) ;
- Choix de la main scriptrice incertain ;
- Sensation de fatigue, effort démesuré à fournir lors de l'écriture ;
- Lenteur ou vitesse excessive ;
- Rejet de l'écriture ;
- Erreurs de copie, oublis de lettres, syllabes ou mots voire même des parties de phrase entières;
- Apprendre à écrire avec l'autre main;
- etc...